« Je récupère plus d’azote que j’en fournis »

jl chalony mazarine foustel

Depuis plus de 6 ans, le Gaec de Keridran fournit du fumier et des matières végétales (Cive) au site de méthanisation de Quimper (29). Entre intérêts logistiques, économiques et agronomique, Jean-Luc Chalony revient sur ce partenariat.

Le Gaec de Keridran est partenaire d’ENGIE BiOZ depuis le lancement du site de méthanisation de Quimper, en 2017. L’exploitation agricole, située à Saint-Evarzec dans le Finistère sud, compte deux élevages : une production de volailles de chair (dindes) et un atelier bovin naisseur engraisseur. Chaque année, les éleveurs engraissent une centaine de taurillons de race Blonde d’Aquitaine. L’atelier compte également 45 vaches allaitantes et leur suite. En tout, les ruminants produisent 1200 à 1400 tonnes de fumier par an.  « Nous en livrons toutes les 3 semaines au site de méthanisation de Quimper. En échange, nous recevons en moyenne 5 000 mde digestat liquide et 600 tonnes de digestat solide », explique Jean-Luc Chalony, un associé fraichement retraité du Gaec. En revanche, le fumier issu de l’élevage de dindes est conservé sur place et épandu directement sur les parcelles. 

jean luc chalony
Jean-Luc Chalony, l’un des associés du Gaec de Keridran

15 à 20 ha de Cive

Depuis 2021, pour répondre à une demande d’ENGIE BiOZ en matières végétales, le Gaec de Keridran produit des cultures intermédiaires à vocation énergétique (Cive). Sur 15 à 20 ha, ils cultivent du seigle ou de l’orge immature qu’ils ensilent et stockent dans leurs silos entre deux maïs ensilage. Ensuite, ils le livrent sur le site de Quimper. « Les Cive nous servent de couvert hivernal. Engie BiOZ prend en charge la fertilisation par du digestat et nous les ramassons au printemps », précise Jean-Luc. Cette année, les associés ont également dédié 15 ha de maïs ensilage pour la méthanisation. « Nous l’avons stocké dans nos silos, puis ENGIE BiOZ nous rémunère pour livrer l’usine en fonction des besoins », complète-t-il. La proximité du site, qui est à seulement 4 km de l’exploitation, est un point fort du projet : « le transport est limité, ce qui est un avantage pour nous ainsi que pour ENGIE BiOZ. En plus, quasiment toutes nos parcelles sont situées dans un rayon de 5 km, ce qui permet aux tonnes à lisier de terminer leur épandage assez rapidement ». 

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Mazarine Foustel, chargée de valorisation agricole chez ENGIE BiOZ, est régulièrement en contact avec Jean-Luc Chalony, agriculteur.

De l’azote assimilable rapidement par la plante

Le digestat liquide libère de l’azote rapidement, il est donc plutôt épandu sur les cultures de printemps (maïs, blé et colza) en complément d’un fertilisant minéral. Mazarine Foustel, chargée de valorisation agricole chez ENGIE BiOZ, souligne l’efficacité de ce digestat : « 60 à 70 % de l’azote est directement assimilable par la plante. Ici, les 5 000 m3 de digestat liquide reçus équivalent à 25 000 unités d’azote, dont 17 500 qui sont efficaces dès le départ ». Quant au digestat solide, il est épandu sur les pâtures à l’automne. Son efficacité en azote est de 30 à 35 %. « Ce produit libère de l’azote sur plusieurs années dans le sol, bien qu’il soit difficile de quantifier précisément la durée et la quantité disponible pour les plantes », ajoute Mazarine. Jean-Luc souligne également la composition du digestat, plus complète qu’un engrais minéral puisqu’il contient de l’azote, de la potasse, un peu de phospore mais aussi des oligoéléments. Riche en phosphore, le fumier de dinde complète d’ailleurs bien le digestat produit à Quimper.  

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Les Cive produites par le Gaec de Keridran, composées de seigle ou d’orge immature, sont ensilées et stockées sur place.

Jusqu’à 70 tonnes d’engrais minéral économisées

« L’intérêt pour nous est principalement économique. L’épandage est pris en charge par ENGIE BiOZ via une entreprise de travaux agricoles (ETA), et je récupère plus d’azote que j’en fournis. J’estime que le digestat remplace 60 à 70 tonnes d’engrais NPK de type 20/4/10 chaque année », affirme Jean-Luc. Autre atout souligné par l’agriculteur : le stockage. Les bâtiments initialement prévus pour stocker le fumier bovin peuvent être réutilisés à d’autres fins, puisque les effluents partent directement sur le site de Quimper. Quant à la qualité du sol, Jean-Luc n’observe pas de dégradation du pH : « nous apportons seulement des amendements basiques type carbonate pour le maintenir ». Le taux de matière organique est également stable sur les parcelles recevant du digestat.  Enfin, les agriculteurs bénéficient d’une bonne relation avec l’ETA ainsi qu’avec ENGIE BiOZ. « Un bon partenariat nécessite la volonté des deux parties de travailler ensemble. Nous sommes dans un rapport gagnant-gagnant », se réjouit-il. Une fois par an, il retrouve Mazarine et les autres agriculteurs partenaires du site de Quimper autour de la table. Au programme, un bilan de l’année écoulée et les projections sur l’année à venir.  

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Le fumier des Blondes d’Aquitaine du Gaec de Keridran est livré au site de méthanisation de Quimper toutes les 3 semaines.

Gaec de Keridran

  • 5,5 UTH dont 3 associés
  • 360 ha de SAU dont 20 ha d’autoconsommation
  • Atelier naisseur engraisseur : 45 vaches allaitantes de race Blonde d’Aquitaine et leur suite, 100 taurillons à l’engraissement
  • Atelier dindes de 3400 m2

La centrale biogaz de Quimper en quelques chiffres* 

  • Mise en service : février 2017
  • Production de biométhane : 21 GWh/an, l’équivalent de la consommation de gaz de 1 900 foyers.
  • Volume de digestion : 4 900 m3
  • Alimentation en substrats : 22 000 tonnes par an dont 70 % d’origine agro-industrielle, 30 % d’origine agricole 
  • Valorisation agricole : 17 exploitations pour une surface totale de 1 905 ha 

*Chiffres actualisés en juillet 2024

ENGIE – BiOZ
10 bd de la Robiquette - BP 86115
35761 Saint Grégoire Cedex - France